L'interview de Jean Bassères (Le Monde, 28/01)

Publié le par FO pôle-emploi Nord Pas de Calais

Jean Bassères, directeur général de Pôle emploi: "Nous voulons donner plus de marge de manoeuvre aux conseillers"

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Jean Bassères est le directeur général de Pôle emploi. Il a succédé à ce poste à Christian Charpy, fin 2011.

 

Jean Bassères, face à la hausse du chômage qui dure, comment Pôle emploi fait face à l'urgence ?

Notre premier objectif est de contribuer à respecter l'engagement du gouvernement d'inverser la courbe du chômage d'ici la fin de l'année. Nous sommes mobilisés pour la réussite des dispositifs " emplois d'avenir " et des contrats de génération Pour améliorer le quotidien des chômeurs et des conseillers, l'urgence nous impose de changer. C'est pourquoi nous mettons en place de nouveaux services, plus personnalisés pour les demandeurs d'emploi qui permettent plus de marge de manœuvre aux conseillers de Pôle emploi.

 

Les moyens de Pôle emploi ont été renforcés. Malgré cela, le nombre de demandeurs d'emploi par conseiller reste en moyenne largement supérieur à 100. Ne faudrait-il pas de nouveaux renforts ?


Il fallait d'abord mettre en place les renforts qui ont été accordés : c'est chose faite. L'effort du gouvernement a porté sur 2000 contrats à durée indéterminée. C'est sans précédent dans l'histoire de Pôle emploi et exceptionnel dans le contexte actuel de crise des finances publiques.

 

Nous allons également augmenter le temps consacré à l'accompagnement et au suivi des demandeurs d'emploi à hauteur de 2000 équivalent temps pleins principalement en simplifiant nos processus et nos organisations Notre objectif est également de réduire les fonctions support à hauteur de 600 équivalent temps plein d'ici à 2014.

 

De nouvelles modalités de suivi des demandeurs d'emploi vont être mises en place. Ca signifie qu'un certain nombre de chômeurs vont changer de conseiller, comment vous allez opérer la transition ?

 

Aujourd'hui, trois régions –Auvergne, Centre et Corse- ont commencé la mise en œuvre les nouvelles modalités d'accompagnement et de suivi. Ces services vont être déployés dans l'ensemble des régions au cours du premier trimestre 2013.

 

Qu'est-ce que ça va changer pour les chômeurs ?

 

Nous visons un traitement plus personnalisé en fonction des besoins des demandeurs d'emploi. Il y aura trois catégories d'accompagnement et de suivi et donc trois catégories de portefeuille. Les personnes les plus éloignées de l'emploi auront vocation à être suivies par des conseillers qui gèreront des portefeuilles d'une taille maximum de 70 demandeurs d'emploi.

 

Ce sont les agences qui définiront qui est " éloigné de l'emploi ", car ce sont les mieux placées pour connaître les demandeurs d'emploi et les caractéristiques du bassin d'emploi. Pour les chômeurs ça peut conduire à un changement de conseiller. Les conseillers assureront cette information auprès des demandeurs d'emploi.

 

Pour les chômeurs les plus autonomes, les portefeuilles de conseillers pourront dépasser les 300 personnes. Comment les conseillers pourront contrôler l'effectivité de la recherche d'emploi ?

 

Il faut que nous précisions dans quelles conditions ce sujet doit être traité, alors que par définition pour cette catégorie de demandeurs d'emploi-qui sera minoritaire- le nombre de contact physique sera plus limité.

 

Ne pas répondre à un SMS ou à un email pourra-t-il justifier une radiation ?


Cela concerne les 3 modalités d'accompagnement et de suivi. En accompagnement " guidé " qui est la formule intermédiaire qui concernera la majorité des demandeurs d'emploi avec des portefeuilles compris entre 100 et 150 demandeurs il y aura aussi des contacts qui pourront se faire de façon dématérialisée, par téléphone ou Internet. La non-réponse à un mail ou à un sms ne constitue pas, à elle seule, un motif de radiation.

 

Ne craignez-vous pas que ces nouvelles modalités génèrent du travail supplémentaire aux conseillers qui sont déjà débordés ?


On ne demande pas de travail supplémentaire au conseiller, on lui donne les moyens de faire son travail dans de meilleures conditions. Notre objectif est de donner plus de marge de manœuvre aux conseillers avec un cadre obligatoire très allégé.

 

Ce qui aujourd'hui est décidé est, outre l'entretien d'inscription, un entretien au quatrième mois et un autre au neuvième mois. Et c'est le conseiller qui appréciera en fonction des caractéristiques et des attentes du demandeur d'emploi le mode et la fréquence du contact le plus adaptée à sa situation. C'est un changement très important qui nous permettra de sortir d'une logique mécaniste.

 

De nombreux dysfonctionnements exprimés tantôt par les conseillers, tantôt par les chômeurs sont liés au problème de la double compétence – indemnisation et accompagnement. Que pensez-vous faire pour y remédier?

 

C'est le thème important du référentiel de métier actuellement en discussion avec les partenaires sociaux Il s'agit de savoir s'il y a ou pas un socle commun de compétences qui devrait être maîtrisé par tous les conseillers de Pôle emploi qui sont en contact avec les demandeurs d'emploi.

 

Notre ambition est de faire que tous les conseillers de Pôle emploi qui sont en contact avec les demandeurs d'emploi puissent réaliser le premier entretien, d'inscription et de diagnostic, qui comporte des volets sur l'indemnisation mais aussi l'intermédiation. Le plan Pôle emploi 2015 prévoit un effort de formation de 5 millions d'heures, soit en moyenne 5 jours par agent et par an.

 

Dans une situation de décalage entre offres d'emploi et demandeurs, Pôle emploi ne serait-il pas plus efficace en ne faisant que de l'indemnisation et de la formation ?


Aujourd'hui notre priorité est d'assurer inscription et indemnisation dans les meilleurs délais possibles. Ces délais se sont maintenus malgré l'augmentation de la charge.

 

Aujourd'hui près de 8 demandeurs d'emploi sur 10 ont leur premier entretien dans les 10 jours suivant leur inscription. Notre objectif est de maintenir notre qualité de service pour l'inscription et l'indemnisation et de l'augmenter pour l'accompagnement des chômeurs et le traitement des offres d'emploi.

 

Où en est le projet de connecter les fichiers des Urssaf sur ceux de Pôle emploi, afin que les conseillers puissent savoir si leurs chômeurs ont retrouvé un emploi ?

 

Nous sommes désormais autorisés à récupérer automatiquement de l'Acoss les déclarations préalables à l'embauche. Elles comportent le numéro de sécurité sociale du demandeur d'emploi qui va nous permettre de transmettre à chaque conseiller l'information selon laquelle tel demandeur d'emploi vient d'être embauché.

 

Par ailleurs, nous travaillons, avec la Dares à définir un indicateur ,à partir de ces déclarations d'embauche, qui mesurera la contribution de Pole emploi à la reprise d'emploi.

 

Depuis votre arrivée à Pôle emploi en décembre 2011, qu'est-ce qui a vraiment changé pour les chômeurs ?

 

2012 a surtout été une année durant laquelle nous avons préparé notre projet stratégique " Pôle emploi 2015 "et notre nouvelle offre de service. Les plus grands changements vont intervenir à partir de 2013.


Publié dans Actualité PE

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